réseaux sociaux d'emploi


  Ces dernières années, postuler en ligne est devenu une étape quasi incontournable pour les chercheurs d'emploi. Si une frange des candidats et des entreprises reste éloignée du numérique - par contrainte ou par choix - la majorité jongle aujourd'hui entre CV en ligne, réseaux professionnels et "job boards", les portails d'offres d'emploi. Le Conseil d'orientation de l'emploi (COE) dresse un panorama exhaustif du marché du travail en ligne dans un rapport paru lundi. Sans nier les bienfaits du digital pour l'emploi, le texte soulève aussi des "risques" et des "questions éthiques". 

   Des CV triés par des robots

 La numérisation du marché de l'emploi est allée de pair avec une inflation des CV reçus par les entreprises. Beaucoup s'appuient alors sur des logiciels, et non des humains, pour assurer le premier tri. Le phénomène n'est pas nouveau - les "applicant tracking services", rappelle le COE, sont apparus à la fin des années 1990 -, mais il gagne de l'importance. Concrètement, "les informations contenues dans les candidatures sont extraites et homogénéisées afin de venir remplir une base de données, décrit le Conseil. Cela permet au recruteur de repérer rapidement les candidatures qui remplissent les critères établis pour le poste. Lorsqu'il souhaite avoir plus de détails sur un candidat, le recruteur peut consulter son CV, mais ce n'est pas la première information qu'il reçoit." 
Certains logiciels permettent même "de calculer un indicateur d'adéquation au profil recherché". Problème: ces outils donnent "une grande importance aux critères formels, comme le niveau de diplôme ou l'expérience personnelle" et éclipsent les particularités des candidats. Mais ils ont aussi l'avantage de réduire les risques de discriminations lors du premier tri des CV... Le COE voudrait obliger les entreprises à mentionner dans les annonces si une partie du processus de recrutement est automatisée ou non. 

 Des services gratuits, vraiment?

La plupart des réseaux sociaux professionnels, comme LinkedIn ou Viadeo, ainsi que les job boards, permettent aux particuliers de publier leurs CV et de consulter les offres gratuitement. En théorie... Car ces sites se rémunèrent par des services payants qui permettent aux candidats comme aux entreprises "d'accroître leur visibilité". Par exemple, "les réseaux professionnels numériques proposent des abonnements premium pour leurs membres donnant droit à davantage de services, pointe le COE. (...) Il en est ainsi de certains abonnements permettant aux candidats qui y souscrivent d'apparaître en tête des candidatures lorsqu'ils postulent à une offre d'emploi."  
Ces pratiques posent des questions éthiques, juge le rapport, "parce qu'elles favorisent des candidats ayant la plus grande propension ou capacité à payer". Et ce parfois à l'insu des autres utilisateurs. "Les sites qui reposent sur un modèle 'biface' sont rarement neutres dans leur fonctionnement mais plutôt conçus de manière à répondre aux besoins du segment d'utilisateurs qui paye", relève le COE. 

 Là aussi, les données valent de l'or

Postuler sur Internet, c'est aussi accepter d'offrir aux sites spécialisés une masse de données personnelles, soit lors de son inscription, soit à son insu par les "cookies". Or cette mine d'informations peut ensuite être commercialisée, prévient le Conseil d'orientation de l'emploi. Une utilisation dont les candidats n'ont pas toujours conscience. Le rapport n'a toutefois pas de pistes pour l'empêcher, au-delà d'une "charte du recrutement numérique" qui prohiberait le recours abusif à ces pratiques, sous l'égide de la Cnil et du Défenseur des droits. 
Le COE exhorte plutôt à exploiter ces données pour l'intérêt général, puisqu'elles renseignent sur les secteurs porteurs et les trajectoires professionnelles des candidats. Autant d'éléments précieux pour mieux mettre en relation les employeurs avec les demandeurs d'emploi, mais aussi avec les acteurs de la "formation professionnelle et l'enseignement secondaire et supérieur". Les opérateurs privés devront pour cela accepter de collaborer avec le service public de l'emploi.

Quels métiers recrutent le plus sur LinkedIn?




 Le réseau social professionnel dévoile un classement des filières et des métiers selon le nombre d'offres publiées par les employeurs, et la concurrence plus ou moins forte entre candidat.

S'inscrire sur un réseau social professionnel vaut-il le coup pour tous les métiers? Une étude publiée par LinkedIn, réalisée avec l'institut Odoxa, donne quelques éléments de réponse. Le site a analysé les secteurs et les fonctions qui intéressaient le plus les recruteurs, mais aussi les candidats, pour estimer lesquels étaient les plus "porteurs" pour ses huit millions de membres en France. 
LinkedIn répertorie d'abord les secteurs "stars" pour les candidats à l'embauche: ce sont ceux où les offres d'emploi abondent, mais qui intéressent peu les membres. Les technologies - matériel informatique et logiciels - arrivent en tête. Elles sont suivies par les services professionnels, les biens de consommationl'ingénierie et l'architecture

Des métiers à cibler, ou à éviter

Dans l'industrie manufacturière et le recrutement, les annonces sont moins nombreuses, mais "la concurrence entre membres est aussi plus faible", assure le site. Les métiers à cibler, d'après LinkedIn, sont ceux qui touchent aux technologies de l'information, au développement commercial, à la vente et au marketing. Une surprise pour cette dernière fonction, plutôt sinistrée, mais le "SEO/SEM marketing" et la "gestion des médias sociaux" font partie des compétences les plus recherchées par les recruteurs sur LinkedIn. 
A l'inverse, la santé, l'automobile et la banque-finance-assurance sont riches en annonces, mais la concurrence fait rage entre les membres du réseau. Les secteurs qui valent le moins la peine d'être ciblés sur LinkedIn sont les télécommunications et les médias, car les offres y sont rares et les candidats pléthoriques. "Les embauches dans ces secteurs sont nettement plus compliquées que pour les autres", reconnaît LinkedIn. C'est aussi le cas pour une quinzaine de fonctions, comme "les responsables de produit, les achats, les contrôles qualités, les services juridiques ou encore administratifs".



Yes, les recruteurs examinent bien votre profil FaceBook




Des chercheurs français en sont convaincus, après avoir postulé à 800 offres d'emploi avec deux candidats fictifs aux CV identiques. Celui dont le compte Facebook indique une origine étrangère a reçu jusqu'à deux fois moins de réponses que l'autre.


 Voilà près de dix ans que les candidats à l'embauche se tourmentent: les recruteurs ont-ils pris ou non l'habitude de "fouiller" dans leurs pages Facebook? Trois chercheurs de l'université Paris-Sud osent désormais l'affirmer. "Notre étude suggère que les profils en ligne sont effectivement utilisés pour filtrer les candidats", écrivent-ils dans une enquête, publiée le 3 octobre. 
Jusqu'à maintenant, seules existaient des études déclaratives. Or les entreprises peuvent être tentées de minimiser une pratique controversée. Pour éliminer ce biais, les chercheurs de Paris-Sud ont mis en place une expérience: entre mars 2012 et mai 2015, ils ont répondu à 837 offres publiées par Pôle emploi, avec deux CV de candidats fictifs. 
Rien ne distinguait ces deux jeunes comptables fantômes: mêmes diplômes et expériences, sexe, adresse et âge, des prénoms et noms "à consonance française"... Autrement dit, rien qui puisse a priori désavantager l'un ou l'autre. 
Sur Facebook en revanche, leurs profils paramétrés comme "publics" variaient. Le premier candidat indiquait être né à Brive-la-Gaillarde et parler italien; le second affichait Marrakech comme ville de naissance et maîtrisait l'arabe marocain. 
"La littérature sur les discriminations à l'embauche considère que ce signal [l'origine étrangère, ou perçue comme telle, NDLR] doit avoir un effet négatif significatif sur le taux de réponse" reçu par les candidats, expliquent les chercheurs. Si ce deuxième profil se trouvait moins souvent contacté pour un entretien d'embauche, cela prouverait que les recruteurs avaient étendu leurs recherches d'information sur Facebook, jugeaient-ils. 




A droite, le profil Facebook du candidat né à Brive-la-Gaillarde qui parle italien. A gauche, celui de Marrakech et qui maîtrise l'arabe.
A droite, le profil Facebook du candidat né à Brive-la-Gaillarde qui parle italien. A gauche, celui de Marrakech et qui maîtrise l'arabe.
M.Manant/S.Pajak/N.Soulié

Et c'est ce qu'il s'est passé. Entre mars et octobre 2012, le candidat dont le profil pouvait laisser supposer une origine étrangère enregistre un taux de réponses positives de 13,4%, contre 21,3% pour son homologue corrézien. 
Le test se poursuit d'octobre à décembre avec deux CV moins expérimentés. "L'ancienneté pouvait compenser la discrimination", explique Nicolas Soulié, co-auteur de l'étude. L'écart se creuse alors: seulement 7,1% de réponses favorables pour le comptable de Marrakech, contre 16% pour celui de Brive. 

Les différences s'évaporent quand la mise en page change

Mais en décembre 2012, Facebook a changé la présentation des profils de ses membres. Seule la ville d'origine apparaissait alors au premier coup d'oeil. Les langues parlées - un fort motif de discrimination à l'embauche, selon plusieurs études - n'étaient accessibles que dans un sous-onglet. En quelques mois, l'écart entre les deux candidats s'est réduit, jusqu'à devenir insignifiant. "Cela suggère que le filtrage [opéré par les recruteurs] est superficiel", concluent les chercheurs. Les entreprises se contentent de regarder la page d'accueil du profil sans poursuivre plus loin l'exploration. 




Les pointillés indiquent la date du changement de mise en page des profils Facebook. Le taux de retour du candidat de Marrakech (en bleu) rejoint alors celui du candidat de Brive (en rouge).

Les pointillés indiquent la date du changement de mise en page des profils Facebook. Le taux de retour du candidat de Marrakech (en bleu) rejoint alors celui du candidat de Brive (en rouge).
M.Manant/S.Pajak/N.Soulié

"L'étude a utilisé la discrimination comme un moyen indirect pour montrer l'usage de Facebook par les recruteurs", un champs peu exploré jusque là, précise Nicolas Soulié. L'enquête ne porte donc pas sur le fond du problème, ni ne cherche à interpréter les écarts: les auteurs suggèrent qu'ils peuvent venir de discriminations, mais aussi "d'informations conflictuelles", un nom qui sonne "trop français" pour quelqu'un né à Marrakech, des langues qui ne sont pas celles annoncées sur le CV, etc. 
Toujours est-il que, dans l'expérience, "à CV identique, le profil Facebook est source d'informations négatives" pour le recruteur, et diminue les chances de décrocher un entretien.


Les règles 5 d'or pour doper sa carrière grâce aux réseaux sociaux


  •     à respecter:

1. Choisissez avec soin vos mots-clefs

Explicitez donc vos missions, en intégrant les mots-clefs qui vous distingueront mais surtout qui peuvent être la clef d'entrée d'un recruteur en quête de profils. A éviter par exemple : indiquer en en-tête "conseiller en patrimoine en recherche d'emploi". "Un recruteur à la recherche d'un professionnel ne tape pas "à la recherche d'un emploi" dans les moteurs de recherche pour trouver un candidat", constate Laurent Rignault, fondateur et gérant de Expert is Me, agence conseil en marketing et communication spécialisée dans les réseaux sociaux. 
Mettez-vous à la place d'une entreprise, qui, si elle cherche un professionnel, exprimera sa requête avec le nom du métier, pas le statut de la personne. Si vous souhaitez cependant spécifier votre disponibilité, vous pouvez cocher "à l'écoute des opportunités". Les recruteurs ou vos contacts sauront ainsi qu'ils ont la possibilité de vous contacter ou de vous recommander, au cas où un poste se libère. 
Concevez votre page "profil" comme un CV, mais enrichi : vous pouvez ainsi faire une liste de vos compétences la plus précise possible, et placez les mots clés les plus utilisés dans votre métier, ainsi que des termes plus spécifiques. Par exemple, utilisez: back-office si vous êtes opérateur de marché sur le back-office, mais aussi OPCVM par exemple si vous travaillez sur ce marché. Les réseaux sociaux sont souvent utilisés pour la détection de profils rares et/ou très recherchés, comme les contrôleurs de risques opérationnels. Choisissez des termes techniques et déterminant bien les atouts de votre profil. 
Mettez également en avant vos années d'expérience en en-tête de votre profil, quand elle dépasse les trois ans.

2. Actualisez constamment votre profil

Ne vous contentez pas cependant d'inscrire votre parcours et les spécificités de votre métier, mais surtout faîtes vivre votre profil, dans la limite de la confidentialité de vos missions. Un nouveau projet, mené pour un client prestigieux ? Un poste de directeur d'agence dans une structure plus importante ? N'oubliez pas de rafraîchir vos informations. En entretenant régulièrement votre profil, vous vous positionnez comme un professionnel, voire un expert, relié à la réalité, aux tendances et aux innovations de votre secteur et à un réseau qui se travaille au quotidien. Vous gagnerez de plus en visibilité : les moteurs de recherche, friands de nouveautés, "remontent" les profils les plus récents.  

3. Triez et alimentez vos relations

N'attendez pas que l'on vous demande d'être en lien pour constituer votre réseau, mais anticipez! "Prenez le temps d'inviter vos contacts de façon personnalisée car les messages types sont assez rebutants", conseille Damien Crequer. Choisissez vos "invités" en fonction des liens que vous avez avec eux ou qu'ils ont avec votre domaine. Collègues, responsables hiérarchiques, clients auprès desquels vous avez tout intérêt à montrer votre professionnalisme, experts de votre établissement ou agence bancaire avec lesquels vous avez des contacts et échanges réguliers... Cela vous permettra de les alimenter en informations, études, prospectives, articles de presse intéressant votre métier et de prouver votre pertinence sur certains sujets, ainsi que votre volonté de collaborer. Identifiez les membres qui diffusent les informations les plus pertinentes, suivez-les et échangez avec eux. "L'erreur la plus fréquente est de se contenter d'émettre de l'information, constate Damien Créquer. " Or "c'est en commentant ce qu'écrivent les autres que l'on noue un dialogue... et des liens".  
Vous pouvez repérer des groupes formés sur des thématiques particulières et participer aux échanges, vous serez plus aisément identifié.  

4. Généralistes ou spécialisés, variez vos réseaux

Les incontournables désormais sont Viadeo (français) et LinkedIn (américain), tous secteurs d'activité confondus. Facebook reste un excellent moyen d'établir des liens, mais est souvent plus utilisé dans un cadre plus personnel. On peut également avec profit s'inscrire sur des réseaux spécialisés, tels que dogfinance , l'Agefi (sur l'espace communautaire) ou peopleinfinance

5. Soyez maître de votre temps

Dans tous les cas, reste à ne pas se disperser ni se laisser déborder par la multitude d'informations. Consacrez chaque jour ou deux fois par semaine par exemple, un temps limité pour consulter les messages, recueillir et donner des informations, vérifier la popularité de votre profil... Histoire de ne jamais perdre le fil et de ne pas donner l'impression que vous n'êtes pas actif dans un monde professionnel qui le demande.






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